L’Unapei PAYS D’ALLIER a organisé le mercredi 17 mai à Yzeurespace une journée consacrée à la vie intime affective et sexuelle (VIAS).
Madame Gina PETIT, après avoir remercié l’ensemble des 250 personnes ayant répondu à l’invitation de l’association, a présenté le thème abordé au cours de cette conférence-débat en faisant référence à la loi de 2005 qui reconnait aux personnes en situation de handicap le droit au respect de leur vie et à l’exercice de leur autonomie y compris dans le domaine de la sexualité, thème difficile à aborder pour les parents parce qu’il reste un sujet tabou. » C’est dur de vivre sans amour, on ne vit pas comme tout le monde. De nombreuses personnes handicapées intellectuelles, longtemps maintenues dans l’enfance, ont été privées de vie affective et sexuelle. Il appartient à leur entourage et aux associations de les accompagner de façon concrète. La question est de savoir comment être à l’écoute et quelles réponses apporter. Telle est l’ambition de notre Association l’Unapei Pays d’Allier. »
Elle présente ensuite les intervenants de la matinée qui vont animer la conférence-débat : Sheila WAREMBOURG, sexologue, diplômée universitaire « sexologie et santé publique »,
et Eric GOIN, sexopédagogue, éducateur spécialisé indépendant ; Il a participé à la rédaction de l’ouvrage dirigé par François Brunet : » Promouvoir la santé et le bien-être des personnes handicapées vieillissantes » puis pour l’après-midi la compagnie du savon noir avec la pièce « le lit des autres ». Elle remercie plus particulièrement Mme PETIOT, Responsable du Secteur Vie Sociale, Cheffe de projet sur le comité de pilotage VIAS ainsi que tous les professionnels qui ont concouru à l’organisation de cette journée.
Mme PETIOT, elle aussi se félicite d’accueillir un public aussi nombreux et explique la genèse de cette journée à travers les nombreux comités de pilotage sachant que ces groupes existaient déjà au sein de l’Ex Envol et de l’ex APEAH avant de fusionner au sein de l’Unapei PAYS D’ALLIER. Les objectifs de ces comités ont consisté à travailler les outils autour de l’accompagnement à la VIAS et mettre en place le programme bien être santé PBS sur Moulins. C’est un programme éducatif qui aborde des thèmes divers comme la santé, l’anatomie, les émotions. Des outils ont déjà été appliqués sur des établissements pilotes de Moulins.
Ces thèmes nécessitent l’implication de tous : personnes accompagnées, familles et professionnels de l’association d’où l’instauration de cette journée. Elle termine en remerciant les intervenants, l’Unapei PAYS D’ALLIER, la Direction Générale ainsi que les membres du comité de pilotage.
Sheila WAREMBOURG et Eric GOIN animent conjointement et de façon interactive la matinée en s’appuyant sur leur expérience personnelle, mais aussi avec des supports visuels.
On fait souvent référence à l’âge mental de la personne mais la réalité biologique nous concerne tous. Autrefois les gens n’étaient pas préparés.
Sont alors abordés, le rôle des professionnels et des familles pour créer des espaces d’apprentissage et d’accompagnement, car l’ignorance ne protège personne et rend vulnérable, il faut être capable de mettre des mots, se connaître soi, l’autre, ses réactions, ses sensations, interpréter ses émotions. Beaucoup de personnes en situation de handicap sont encore dans l’ignorance, ce qui peut provoquer de l’agressivité, les gens sont alors doublement victimes.
Pour cela il ne faut pas cantonner constamment les personnes accompagnées dans l’activisme, mais consacrer des temps aux groupes de paroles et encourager les gens à discuter pour connaître leurs besoins en créant des liens de confiance avec des personnes référentes.
La sexualité c’est la reproduction, bien sûr, mais c’est aussi le plaisir. Dans le plaisir tout est possible à condition que les personnes soient consentantes. Mais les endroits ne sont pas forcément tous appropriés comme son lieu de travail par exemple. Si le tuteur n’a pas à s’immiscer dans les choix intimes de la personne, il doit malgré tout parler de la contraception, l’utilisation du préservatif, en faire comprendre et admettre la nécessité afin de réduire les risques. Même si la personne n’y pense pas, elle doit avoir suffisamment d’informations pour pouvoir s’autodéterminer.
Les intervenants communiquent aussi sur des fiches-outils mises à disposition de tous et gratuites que l’on peut retrouver sur internet comme par exemple : « fiches santebd.org » « standards pour l’éducation sexuelle en europe » ou « centre de ressources intimagir« .
La sexualité, ce sont aussi des textes législatifs sur la santé sexuelle, l’avortement pour une personne mineure sans l’accord des parents mais avec une personne majeure de son choix, l’âge auquel une personne peut avoir des relations sexuelles (15 ans à condition que son partenaire n’ait pas 5 ans de plus qu’elle et n’ait pas d’autorité sur elle), l’obligation à l’éducation sexuelle dans tous les établissements depuis 2001. Il arrive que certains adultes restent parfois en IME bien au-delà de 20 ans.
Il faut donc que les personnels de santé soient formés pour bien intervenir et rassurer les parents car il existe « un traumatisme archaïque familial » qui fait que la protection prend le dessus. Les éducateurs eux-mêmes ont parfois peur de parler de l’intimité car on y consacre peu de temps dans les formations.
La discussion s’engage parfois directement avec les personnes présentes accueillies dans les établissements sur la présence ou non du VIAS dans leur projet personnalisé. En l’absence d’informations les gens vont chercher eux-mêmes des réponses sur Internet avec le danger de se retrouver sur des sites pornographiques qui n’ont rien à voir avec le réel et l’éducatif.
Suite aux questions posées par les intervenants le dialogue s’engage facilement sur la solitude, l’impossibilité de « sortir » avec une personne dite normale, le respect.
« Pour moi, la solitude ronge de l’intérieur » dit une personne.
Il serait bien de mettre en place dans les établissements des moments de rencontres pour créer des opportunités, rompre la solitude et élaborer des relations, pourquoi ne pas créer « des ateliers de drague » « des astuces » dans les groupes de paroles.
Le problème de la parentalité est lui aussi abordé, car on peut être une femme sans avoir d’enfant. La personne en situation de handicap peut donner de l’amour à des membres de sa famille (neveux ou nièces) ou à des enfants par le biais d’associations.
L’assistance sexuelle n’est pas légalisée en France mais on ne peut pas laisser une personne handicapée se mettre en danger, mieux vaut l’accompagner et l’assister pour qu’elle s’achète un sexe toy et qu’elle n’utilise pas n’importe quoi au risque de se blesser.
L’après-midi plus de 300 personnes assistent à la pièce de théâtre : « le lit des autres » jouée par la compagnie du « Savon Noir », une troupe de Grenoble qui crée des spectacles et des projets artistiques professionnels et amateurs, en se préoccupant de problématiques sociales et sociétales.
Une partie de l’histoire se déroule au foyer de l’Albatros où vivent des personnes en situation
de handicap, les échecs amoureux de certaines personnes les plongent en pleine déprime ! Pour échapper à la fatalité, elles décident de créer une école de l’amour. Au programme : désir, confiance en soi, rencontre, séduction, vie en couple… C’est un immense succès ! Mais leur projet tourne mal et elles sont arrêtées. C’est alors que leur procès commence. Ce procès confronte les représentations de l’amour qu’on « les valides » aux récits de ces personnes en situation de handicap. On ne leur reconnaît pas le droit à l’amour mais on est prêt à les condamner pour un acte qui aurait dû servir à l’un d’entre eux à rencontrer celle qu’il ‘aime et qui n’est autre que la présidente du tribunal. Heureusement le public pris à témoin aidera à acquitter les personnes jugées.
Les nombreuses réactions du public tout au long de la pièce ont montré tout l’intérêt qu’il portait à ce thème et tout particulièrement les personnes en situation de handicap nombreuses dans l’assistance.